Fête du Corps et du Sang du Christ
Abbé Jean Compazieu | 11 juin 2022Fête du Corps et du Sang du Christ
19 juin 2022
(Année Luc – C)
Avec le Christ ressuscité,
vivons de sa présence
Homélie
Textes bibliques : Lire
L’eucharistie qui nous rassemble chaque dimanche s’enracine dans l’Ancien Testament et prend tout son sens dans le nouveau. C’est ce que nous avons pu voir en écoutant les textes bibliques de ce jour. Dans la première lecture, nous avons entendu un passage du livre de la Genèse. Avec ce récit, nous sommes à l’aube de la première alliance. Abraham, le père des croyants a manifesté sa soumission à Dieu. Il a remporté des victoires. Et aujourd’hui, nous le voyons, initié par Melkisédek, roi de Salem. Il rend un culte au Dieu très haut avec du pain et du vin. Il reçoit la bénédiction de Melkisédek. L’offrande de la dîme au prêtre du Très-Haut est le signe de son acceptation du culte “selon Melkisédek”.
Au moment où Jésus entre à Jérusalem, il se prépare à conclure la nouvelle alliance. Il réalisera le sacerdoce “selon l’ordre de Melkisédek” avec le pain et le vin. Lui aussi bénit Dieu. Il apporte la bénédiction à tous ceux qui célèbrent le culte avec foi. Mais dans l’Eucharistie, il y a bien plus que du pain et du vin. Par la parole du Christ, ces éléments sont devenus son Corps et son Sang. Ce culte nouveau est l’accomplissement de ce qui n’était qu’une préfiguration. L’offrande requise dépasse la simple remise de biens matériels. Il s’agit désormais du don de soi.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous transmet ce qu’il a reçu. Il s’adresse à une communauté divisée. Il leur rappelle que si le Christ est mort, c’est pour tous. Nous devons en tirer les conclusions : nous ne pouvons pas nous réunir pour le repas du Seigneur sans être attentifs les uns aux autres ; on doit donc s’examiner soi-même avant de manger ce pain et de boire à cette coupe. C’est pour cette raison qu’avant la communion, nous disons : “Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir…”
L’Évangile nous prépare à l’Eucharistie. L’événement qui nous est rapporté se passe au soir d’une journée harassante. Les disciples voient bien que la foule a faim ; ils pensent qu’il vaudrait mieux la renvoyer. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi ; s’adressant aux Douze, il leur dit : “Donnez-leur vous-mêmes à manger !” Et c’est le récit de la multiplication des pains. Avec cinq pains et deux poissons qu’on lui apporte, il va rassasier les foules.
Cet Évangile est une annonce de ce que sera l’Eucharistie. Nous y retrouvons les mêmes gestes de Jésus au soir du Jeudi Saint : “Il prit les pains et les poissons, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna…” voilà quatre verbes que nous retrouvons à chaque Eucharistie. Nous apportons le pain et le vin, fruit de la terre et du travail des hommes, nous reconnaissons que tout vient de Dieu, nous ne sommes pas propriétaires de ces biens qu’il nous donne ; nous n’en sommes que des intendants. Ces richesses nous sont confiées pour le bien de tous.
N’oublions jamais : quand nous nous réunissons pour l’Eucharistie, nous ne sommes pas seuls devant le Seigneur. Toutes les prières utilisent le “nous” : “Nous te prions… nous t’offrons…” Nous sommes avec d’autres qui ont faim de pain, faim d’amour, faim de tendresse et de liberté. Ils sont avec moi et je ne peux pas les ignorer. L’amour du Christ embrasse en son cœur l’humanité tout entière et chacun personnellement. Chaque messe est célébrée pour l’humanité tout entière et pour chacun personnellement.
Toutefois, il est de tradition dans l’Église d’ajouter une intention particulière pour laquelle le prêtre célèbre l’Eucharistie. Tous peuvent demander qu’une messe soit célébrée pour telle ou telle intention ; nous prions pour “la multitude” et tout spécialement pour ceux qui nous sont recommandés. Demander de faire célébrer une messe, c’est donc entrer dans la prière de Jésus et de l’Eglise ; c’est confier à l’amour infini de Dieu une intention qui nous est chère ; nous pouvons faire célébrer une messe pour remercier Dieu, lui présenter une demande qui nous tient à cœur. Nous pouvons aussi lui confier nos défunts car c’est l’amour du Christ qui les libère. Toutes ces intentions particulières viennent s’ajouter à la prière de toute l’Eglise. Elles sont présentées au Seigneur qui a livré son Corps et versé son sang pour nous et pour la multitude.
L’Eucharistie est une nourriture offerte à tous. C’est ce qui est signifié quand le prêtre présente l’hostie en disant : “Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde…” Ces paroles ne s’adressent pas seulement à l’assemblée présente dans l’église mais au monde entier. Le Seigneur présent au milieu de nous ne demande qu’à se donner à tous.
Si nous nous rassemblons à l’église, c’est donc pour répondre à l’invitation du Seigneur. Notre amour pour lui nous amène également à des temps d’adoration. Dans certaines églises, on en organise devant l’ostensoir. Aujourd’hui, l’ostensoir c’est nous : nous sommes créés par Dieu pour présenter son Fils au monde. Nous devons donc nous montrer dignes, extérieurement et intérieurement, de cette présence.
En ce jour, nous te prions, Seigneur : que le pain de ta Parole et de ton corps soit la nourriture qui nous permette de devenir signes d’espérance pour ce monde qui en a bien besoin. Reste avec nous pour que nous soyons les témoins et les messagers de ton amour. Amen
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À chaque célébration eucharistique, nous adorons Jésus présent dans le Pain et le Vin consacrés. Spécialement chaque année, par la solennité du Saint Sacrement, l’Église souligne le caractère sacré de cette présence divine. En instituant l’Eucharistie, Jésus veut être au plus près de nous pour partager nos joies et nos peines. Il est le Pain de Vie qui nous réconforte : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6:35) Par l’Eucharistie, Jésus nous invite à communier à sa Vie. « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6:55-56) Saint Paul nous rappelle le moment clé du dernier repas de Jésus avec les apôtres : « La nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : ‘Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi.’ » (1 Cor 11:23-24) La recommandation claire de Jésus à son Église pour perpétuer l’Eucharistie à travers les temps. Saint Paul précise : « Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » (1 Cor 11:26)
Le récit de la multiplication des pains dans l’Évangile témoigne de la sollicitude de Jésus envers les gens qui le suivent. Il prend soin d’eux et les nourrit. « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers. » (Lc 9:16-17) Quelle abondance ! Douze paniers bien remplis après que tous aient mangé à leur faim. C’est le don de Jésus et en même temps le partage entre les hommes. Ce miracle hautement symbolique préfigure l’institution eucharistique : l’Amour qui se donne pour la vie du monde. Nous retrouvons les mêmes gestes au soir du dernier repas de Jésus avec ses apôtres : « Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit et, le donnant aux disciples, il dit : ‘Prenez, mangez : ceci est mon corps.’ Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : ‘Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés.’ » (Mt 26:26-28) Jésus est notre Pain de Vie ! La nourriture spirituelle aussi essentielle que notre pain quotidien. En accueillant Jésus dans notre âme, nous répondons à son invitation : « Demeurez en mon amour. » (Jn 15:9) Par la communion, l’Eucharistie nous unit intimement à Lui. « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » (Jn 6:54)
L’Eucharistie occupe une place prépondérante dans la vie chrétienne. Elle a été et reste toujours un foyer de grâce. Participer à la célébration eucharistique, c’est aller à la rencontre de Jésus. Un moment en cœur-à-cœur avec Lui. Un rendez-vous important si nous voulons mettre Jésus au centre de notre vie. Par conséquent, l’Eucharistie doit être célébrée dans une atmosphère sacrée qui dispose les fidèles à offrir à Dieu l’adoration qui Lui est due. Elle favorise l’assemblée à la méditation et à la prière personnelle. Célébrons-la avec foi et dans le recueillement. Gardons à l’esprit que Jésus est là, présent dans le Saint Sacrement. Il est bien choquant de voir certaines personnes se comporter avec désinvolture comme dans une réunion publique. L’église n’est pas un lieu de rencontre où nous pouvons bavarder quand cela nous chante. C’est un lieu de culte. Nous participons à une célébration religieuse ! Un moment sacré où tout ce qui ressemble à du spectacle doit être banni. Du respect pour la présence de Jésus dans l’Eucharistie. De la délicatesse envers celles et ceux qui viennent pour prier, pour se recueillir et se ressourcer spirituellement. À la Communion, venons recevoir dignement le Corps du Christ, avec recueillement. Il faut arrêter l’attitude désinvolte comme si l’on vient prendre un vulgaire morceau de pain ! C’est la Sainte Hostie qui nous est remise. Prenons du temps pour faire ensuite l’action de grâce, car c’est le moment le plus fort pour être en cœur à cœur avec le Christ en nous. Un moment sacré ! Saint Paul nous rappelle : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas une communion au corps du Christ ? » (1 Cor 10:16)
Le saint pape Jean-Paul II souligne l’importance de l’Eucharistie dans notre vie chrétienne : ‘L’Église et le monde ont un grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d’amour. Que l’Amour et l’Adoration de Jésus dans le Saint-Sacrement soit donc le signe le plus lumineux de notre foi.’ Le pape Benoît XVI nous rappelle : ‘Le corps et le sang du Seigneur nous sont donnés afin que nous-mêmes, nous soyons transformés à notre tour.’ De cette union avec Jésus découle notre responsabilité missionnaire. Transformés en Lui, nous serons son témoin dans notre milieu de vie.
Nguyễn Thế Cường Jacques